Réactions et sentiments
1. Je ne suis pas constamment en colère
contre mon agresseur, suis-je normale?
Oui. Suite à une agression sexuelle, il est normal de vivre de la
confusion dans nos sentiments.Quand une victime vit très près de
son agresseur, il est normal qu'elle soit partagée entre la
colèrequ'elle vit suite à l'agression et l'affection qu'elle porte
à celui-ci. Souvent, l'agresseur occupe une placeimportante dans la
vie de la victime et celle-ci peut apprécier d'autres aspects de
cette personne.
2. Est-ce normal que je me sente responsable
totalement
ou en partie des agressions que j'ai vécues ?
Il est fréquent que certaines victimes se sentent responsables des
agressions qu'elles ont subies. Cependant, il est important de se
rappeler que le seul responsable de l'agression est l'agresseur.
C'est lui qui a décidé de poser les gestes. Le sentiment de
responsabilité présent chez les victimes découle du fait qu'elles
ont soit, accepté une invitation à sortir de la part de
l'agresseur, ou qu'elles portaient des vêtements séduisants ou
encore qu'elles ont invité cette personne chez elles ou entretenu
une relation de séduction quelques temps. Par contre, il faut
garder en tête que ces comportements ne justifient en rien une
agression. Peu importe la situation, c'est l'agresseur qui est
responsable de ses actes.
3. Est-ce normal que j'aie l'impression d'être la source
des
problèmes dans ma famille si je dévoile une agression sexuelle
?
Il est tout a fait normal d'avoir cette impression. En règle
générale, le dévoilement d'une agression fait vivre beaucoup
d'émotions chez les proches d'une victime surtout si l'agresseur
fait partie de la famille. Cependant, vous n'êtes en aucune façon
responsable de l'agression et n'êtes pas la source du problème.
Gardez en tête que c'est l'agresseur qui est responsable de la
situation et de des conséquences qui en découlent.
4. Quels impacts l'agression sexuelle peut-elle avoir
sur ma sexualité ?
Il n'y a pas de réponse unique à cette question puisque les
impacts changeront selon les personnes. Certaines victimes ne
vivront pas d'impact sur le plan sexuel. L'image de la femme
véhiculée dans les médias donne l'impression qu'une femme qui
renoue avec le plaisir après une agression, banalise son
agression.
Si certaines femmes n'éprouvent plus de plaisir ni d'attrait pour
les relations sexuelles après une agression, il estpossible que
d'autres développent des comportements de compulsion sexuelle ou de
séduction. Ces comportementsont un mécanisme de défense qui ont
pour effets de diminuer la souffrance et d'avoir l'impression de
reprendre le pouvoir perdu lors de l'agression. L'agression
sexuelle peut avoir d'autres conséquences, cependant l'identité
sexuelleen est très souvent altérée.
5. Est-il normal que je me sente détachée lors des
relations
sexuelles avec mon conjoint ou ma conjointe ?
Tel que mentionné ci haut, chaque personne peut vivre différentes
conséquences suite à une agression. La difficulté à entretenir des
relations sexuelles satisfaisantes est une de ces conséquences
possibles. Il est possible pour certaines personnes ayant vécu une
agression de faire un lien entre sexualité et un acte désagréable,
humiliant et blessant et ce, même si ce n'est pas toujours le cas
puisque la sexualité vécue dans le respect et le consentement des
deux partenaires est saine et positive.
6. Est-il normal que je ne ressente plus de désir sexuel
suite aux agressions vécues ?
Oui, cela fait partie des différentes conséquences possibles au
plan sexuel. Une baisse du désir, des douleurs lors des relations
sexuelles ou encore du dégoût pour la sexualité peuvent faire
partie des conséquences liées aux agressions sexuelles.
Procédures
7. Est-ce possible que j'aie oublié les agressions
vécues durant
mon enfance et qu'elles reviennent sous forme de « flashback »
maintenant ?
C'est possible, il arrive que des victimes d'agression sexuelle
durant l'enfance soient confrontées ultérieurement à des
circonstances ou des événements qui font remonter les souvenirs
liés aux agressions vécues. Elles peuvent alors vivre des
conséquences semblables à celles rencontrées lors d'une agression
récente.
8. Je ne veux pas porter plainte contre mon agresseur,
puis-je avoir de l'aide tout de même?
Oui. Le CALACS vous offre les mêmes services que vous portiez
plainte ou non. Il est possible que vous ne vouliez pas porter
plainte ou que vous soyez ambivalente. Peu importe ce que vous
déciderez à ce sujet, nous respecterons votre décision. Si vous
décidez d'entreprendre des démarches, un accompagnement physique et
moral vous être sera offert.
9. Quel est le délai maximal suite à une agression
sexuelle pour subir une trousse médicolégale ?
Le délai de la trousse médicolégale est de cinq jours. Comme elle
sert à effectuer des prélèvements pouvant éventuellement constituer
une preuve, elle est considérée comme inutilisable après cinq
jours. Cependant, il est possible de passer une trousse
médicosociale, si vous décidez de porter plainte.
10. Existe-t-il un délai maximal pour porter plainte
contre un agresseur ?
Non, il n'existe pas de délai de prescription pour cet acte
criminel. Une victime peut porter plainte en tout temps, même
plusieurs années plus tard.
11. Existe-t-il un délai à respecter lorsqu'on
souhaite
faire une demande à l'IVAC (indemnisation aux victimes d'actes
criminels) ?
La loi de l'IVAC précise qu'il faut faire sa demande dans l'année
suivant l'agression pour être admissible. Advenant le cas d'abus
dans l'enfance, il faut faire sa demande durant l'année suivant
l'apparition des blessures physiques ou psychologiques liées à
l'agression. Il existe cependant certaines exceptions.
12. Que se passe-t-il lorsque je rapporte
l'agression?
En premier lieu, les policiers poseront des questions sur ce qui
s'est passé et recueilleront votre version des faits. Il est
possible qu'ils demandent qu'un médecin vous examine et prenne des
photos de toute coupure ou ecchymose, selon la situation. Ils
peuvent également vouloir se rendre sur les lieux du crime pour y
recueillir des éléments de preuve et des témoignages. Si vous
connaissez la personne qui vous a agressé, les policiers voudront
lui parler, pour connaître sa version des faits.
13. Est-ce que la personne sera emprisonnée jusqu'au
procès?
Il n'y a pas de règle absolue pour ce point, mais, habituellement,
la personne est libérée jusqu'au procès. S'il y a des raisons de
croire qu'elle ne se présentera pas en cours lors du procès (par
exemple si elle a des antécédents judiciaire), il est possible
qu'elle soit détenue avant le procès. Si vous craignez qu'elle vous
rende visite ou s'en prenne à vous, dites-le aux policiers ou au
procureur de la couronne. Ils pourront alors demander au juge de
poser des conditions à la libération à l'accusé. Par exemple,
l'interdiction de s'approcher de vous ou de vous contacter.
14. Est-ce que les gens sauront que la personne m'a
agressé?
Excepté dans les cas ou le juge demande au public de quitter la
salle d'audience (on appelle cela le huis-clos) les audiences de la
cour sont ouvertes à quiconque désire y assister. Dans d'autres
cas, le procureur de la couronne peut demander une ordonnance de
non-publication, c'est-à-dire, que votre nom ne pourra être
divulgué dans les médias. Chaque situation est différente et le
procureur est la meilleure personne pour répondre à vos
questions.
15. Est-ce que je devrai témoigner lors du
procès?
Cela dépend en partie du plaidoyer de l'accusé. S'il plaide
coupable, un témoignage n'est pas requis puisqu'il admet les faits.
Cependant s'il plaide non coupable, vous devrez probablement
témoigner. Vous êtes un témoin de première importance et êtes
souvent la seule personne en mesure de relater les évènements au
juge.
16. Si je veux retirer les accusations ou si je ne veux
pas témoigner?
Il est important de savoir qu'une fois que l'enquêteur a déposé
des accusations contre une personne, il est impossible de les
retirer. Il s'agit d'un pouvoir qui appartient au Ministère public,
puisque c'est lui qui poursuit la personne. De plus, si vous
recevez une assignation à comparaître (Sub Pena), vous devez aller
témoigner devant la cour. Le Sub Pena est une ordonnance du
tribunal qui vous ordonne de vous présenter à la cour à une date et
une heure précises. Si vous ne voulez pas témoigner, parlez-en au
procureur de la couronne dès que possible. Ne pas se conformer à
une assignation à comparaître peut mener le juge à lancer contre
vous un mandat d'arrêt afin d'aller d'expliquer au juge les raisons
pour lesquelles vous n'avez pas obéi à l'ordonnance du
tribunal.
Les agressions en tant que tel
17. Est-ce possible d'être victime d'une agression
sexuelle
de la part de mon conjoint ou de mon copain ?
Oui, puisque le fait de partager une relation intime ou d'être
mariée avec quelqu'un ne constitue pas un consentement en soi. En
tout temps, votre partenaire doit obtenir votre consentement
(implicite ou explicite) avant d'avoir une relation sexuelle avec
vous. Il n'est en aucune façon autorisé à porter atteinte à votre
intégrité physique, sexuelle et psychologique, puisque ce sont vos
droits fondamentaux.
18. Est-ce que l'agression sexuelle peut être « un
accident » ?
Contrairement aux croyances populaires, l'agresseur ne commet pas
une agression parce qu'il est trop excité et ne peut se contenir.
Il s'agit plutôt d'une prise de pouvoir sur sa victime. C'est donc
d'un acte de violence conscient. L'agresseur sait ce qu'il fait et
par conséquent il est responsable de sa conduite.
19. Est-ce qu'une agression sexuelle se produit toujours
dans la violence ?
Oui, mais il ne faut pas croire que la seule forme de violence
possible est la violence physique. À la base, une agression
sexuelle est un acte de violence en soi puisque cela porte atteinte
à l'intégrité physique, sexuelle et émotionnelle de la personne.
Quatre types de violence peuvent être présents : physique, verbale,
psychologique ou sexuelle.
20. Si je n'ai pas envie d'avoir une relation sexuelle
et que mon conjoint
ou ma conjointe menace de me quitter si je ne le fais pas, est-ce
une agression sexuelle ?
Oui, cela est considéré comme de la violence psychologique. Le
chantage, la manipulation affective et les menaces sont des
comportements utilisés par un agresseur pour obtenir ton
consentement. Cependant, tous ces moyens rendent ton consentement
non valide.
Consentement
21. Est-ce que je peux être considéré(e) comme
consentant
ou consentante si j'ai éprouvé une excitation sexuelle lors de
l'agression ?
En aucune façon. Il est possible que le corps réagisse aux
stimulations physiques engendrées par les contacts sexuelset qu'une
excitation soit alors présente. Cependant, le fait de ressentir ces
sensations ne signifie pas qu'il n'y a pas eu d'agression et que
vous étiez consentante. Cela demeure une situation d'agression dont
vous n'êtes aucunementresponsable.
22. Est ce qu'une autre personne peut consentir pour moi
?
En aucune façon. Il n'y a que vous qui pouvez consentir à avoir
une activité sexuelle avec quelqu'un.
23. Dire « non » est-elle la seule façon de démontrer
que je ne donne pas mon consentement?
Non. Vous pouvez aussi démontrer votre non-consentement par des
gestes ou par votre attitudes. Le fait de repousser, de se débattre
ou d'essayer de se sauver est un signe de non-consentement. De
plus, vous avez le droit de vous défendre et d'utiliser votre force
pour vous protéger.
24. Que se passe-t-il si je n'ai pas résisté parce que
j'avais trop peur?
Une absence de réaction n'est pas un consentement en soi. La loi
ne considéra pas que vous avez donné votreconsentement parce que
vous ne vous êtes pas débattu ou que vous n'avez pas résisté.
25. Que se passe-t-il si j'ai accepté une activité
sexuelle et que je change d'idée par la suite?
Vous avez le droit de dire « non » en tout temps. Dès que vous
démontrez ou exprimez votre désaccord à une activité sexuelle,
votre consentement initial n'est plus valable. En outre, consentir
à une activité sexuelle ne veut pas dire que vous consentez à
toutes les formes d'activités sexuelles qui vous sont proposées. À
tous moments, il vous est possible de refuser.
26. Une personne peut-elle dire que j'ai consenti si
j'étais en état d'ébriété?
Non. En vertu de la loi, votre consentement n'est pas valide si
vous êtes sous l'influence de l'alcool ou d'une drogue au point de
ne pas pouvoir prendre de décision.