Témoignage 1
Ceci est le témoignage d'une victime d'agression sexuelle.
Elle-même devenue
adulte, elle a compris la grande vulnérabilité d'une enfant en
observant sa propre fille et en réalisant toute la confiance que
son enfant avait en elle, sa mère.
En regardant grandir ma fille, je me suis souvent demandée
comment quelqu'un peut faire tant de mal à une enfant. J'ai
toujours été en mesure de rationaliser au sujet des mauvais
traitements faits aux enfants. Mais un jour, j'ai vu combien ma
fille était impuissante, minuscule et fragile et j'ai eu une vision
réelle de combien petite et vulnérable j'avais déjà été moi aussi.
J'ai alors commencé à me pardonner.
Nous étions toutes les deux en route pour rendre visite à
des amis et ma fille, alors âgée de six ans, me dit qu'elle désire
être mon amoureuse. Gentiment, je lui réponds que ce n'est pas
possible. Elle ajoute aussitôt : « Je sais que je suis trop petite,
mais quand je serai grande? » J'ajoute alors que, même grande, elle
restera ma fille et moi sa mère, que nous conserverons toujours
entre nous ce même amour spécial et que rien ne le changera. En
sortant de la voiture, ma fille s'est tournée vers moi pour me dire
: « Maman, tu diras rien à personne, O.K.? ». J'ai pris sa main et
j'ai promis. J'ai vu alors toute l'innocence de son amour, sa
confiance immense et sa vulnérabilité. À cette occasion, j'ai
compris avec mon cœur que l'abus était inadmissible et surtout, que
je n'étais aucunement responsable de ce que j'avais vécu.
»
C'est cet amour innocent que les abuseurs exploitent. Les
enfants ne mesurent pas leurs limites et fonctionnent souvent par
des tests dans leur apprentissage du monde. Ainsi, ils n'ont pas
encore toutes les habiletés pour bien se protéger et cette
protection doit venir de l'adulte. Qu'il s'agisse d'une
enfant ou d'une adolescente, l'adulte est toujours
responsable de l'abus sexuel. Il peut arriver en effet qu'une
adolescente se comporte de façon à séduire son père. C'est au père
alors de veiller à aider l'adolescente, à lui parler, à tenter avec
elle de trouver ce qui ne va pas.
Peu importe l'âge et les circonstances, il n'y a jamais
d'excuse pour un abus sexuel. L'adulte est toujours le seul
responsable.
Témoignage 2
« Plus de force... Je suis toujours en vie, alors que je n'en peux
plus de ce harcèlement quotidien. Je n'en peux plus de douter.
Abolies les frontières entre le bien et le mal. Parties les
références. J'avais toujours cru ce que m'avaient dit mes parents.
Dorénavant, je suis brutalement transportée dans un monde que je ne
reconnais plus ; un monde où tout est mis en question, un monde où
ce qu'on me dit, ce qu'on me fait ne correspond pas à ce que je
ressens ni à ce que je désire. »
« Depuis un certain temps, j'ai l'habitude, quand je ne peux
dormir la nuit, de prendre une feuille, d'écrire ce qui me passe
dans la tête et de la brûler dans ma cheminée. Cela devient ma «
prière méditation », en voyant que les déchets en brûlant, peuvent
produire de la lumière, de la chaleur.
Jour après jour, j'apprivoise cette blessure. Je l'accompagne
et elle m'accompagne.»
« Tout est possible à celui qui croit... On peut toujours
perdre patience, mais il ne faut jamais abandonner. Courage,
courage, une seconde naissance s'ouvre à toi, papillon « blessé
»
Témoignage 3
Avoir 40 ans et être encore une toute petite
fille
Il était une fois une, deux, trois…petites filles de 10 ans
qui jouaient à la Barbie, ce qui dans notre temps, était tout à
fait normal. Je vous parle des années 70 environ où certains hommes
de 40 ans se croyaient tout permis. Et encore aujourd'hui où nous
sommes rendus dans les années deux mille, il y a encore de ces
petites filles qui comme moi ne jouent plus, mais il y a encore de
ces hommes qui jouent à la Barbie avec elles, et moi, qui au fond
n'ai jamais grandi. Pourquoi la petite fille est-elle encore au
fond de moi? Avez-vous une petite idée?
Je vais vous expliquer en gros ce qui se passe quand à l'âge
de 10 ans un homme de 40 ans joue avec elle, comme si c'était Ken.
Voyez-vous le lien? Ceux qui ne comprennent pas font partie de ceux
qui ferment les yeux encore aujourd'hui et, je suis certaine que
ceux-là ont des Ken autour d'eux. Vous êtes-vous déjà demandé
comment, aujourd'hui ces adultes enfants vivent avec ce que ces Ken
leur ont fait subir? Arrêtez-vous et pensez à tout ce que ces
enfants ont vécu. Pensez que vous avez peut-être des enfants
aujourd'hui et qu'un Ken va peut-être jouer avec. Comment
allez-vous le vivre?
Bon! Imaginons ce qui se passe dans la vie d'une femme de 40
ans qui a, un jour, joué à la Barbie à l'âge de 10 ans. Rien de
plus normal, vous me direz et je suis d'accord avec vous. Mais il y
a un mais pourquoi? Je vais vous le dire. Le Ken avait 40 ans et la
petite Barbie, 10 ans. Le Ken connaissait ce que voulait dire le
mot sexe, la Barbie non. Le Ken disait je ne te ferai pas mal, je
vais juste passer ma main et ma langue comme si tu jouais avec ta
Barbie et tu lui donneras des bizous parce que tu l'aimes et que tu
ne lui veux pas de mal. Que fait la petite Barbie qui a 10
ans?
Elle joue avec Ken parce qu'il lui dit que c'est bien et
normal. Nous avons encore un mais pourquoi?
Il lui dit que c'est normal et qu'il ne faut en parler à
personne, que c'est un secret et que si elle parle, elle va se
faire chicaner par ses parents. Alors, que fait-elle? Elle ne parle
pas. Jamais personne n'a su ce qui se passa jusqu'à l'âge de 12
ans. Depuis le jour où le Ken et la Barbie qui avait 10 ans et lui
40 ans, la Barbie de 10 ans a cessé de jouer et aussi de vivre tout
au fond de son cœur.
La Barbie a grandi, elle est devenu une femme et une amante,
et cela avec difficulté. Il y a toujours l'image de Ken qui hante
ses nuits. Elle aurait dû vivre une vie, comme toute Barbie en
passant les étapes de la vie normale d'une petite fille et
connaître un Ken qui vit normalement son évolution. Connaissez-vous
une petite fille autour de vous qui a joué à la Barbie?
Connaissez-vous une petite fille qui a joué à la Barbie, mais cette
fois avec un Ken de 40 ans?
Cherchez autour de vous et arrêtez de fermer les yeux sur ce
que vous voyez. Dénoncez les Ken qui sont trop vieux pour jouer à
la Barbie. Dénoncez ces vieux Ken qui ne pensent qu'à vouloir
toucher et encore toucher et faire peur.
Merci à vous de m'avoir lu et ne vivez pas avec la peur de
dénoncer la pédophilie.
Une victime d'un Ken